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Prise de voix "speak"

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Réussir une prise de voix speak n’a rien de sorcier mais nécessite quelques notions essentielles tant au niveau du matériel que de la mise en œuvre. Nous verrons dans cet article le matériel nécessaire et les techniques de base telles que le placement du micro, le réglage du niveau et du retour.


Sommaire

[modifier] Le matériel

[modifier] Le local

Avant toute chose, pour faire une prise de voix correcte, il est nécessaire de disposer d’un local ayant une acoustique satisfaisante, où l’on n’aura pas de réverbération et qui soit isolé des bruits extérieurs. Il suffit parfois « d’habiller » les murs de la pièce avec des panneaux de mousse acoustique ou pourquoi pas d’un simple rideau épais pour éviter que la cabine ne sonne. On évitera donc les surfaces réfléchissantes tant que faire se peut. Il ne faut pas hésiter à « matifier » l’ambiance en traitant les parois du local. Le plus dur est de supprimer les résonances dans les basses fréquences notamment dans les petites surfaces. Cela dit ce genre de défauts sera plus facilement corrigé à l’aide d’une EQ à la post-production.

Au niveau purement matériel, une prise de voix nécessite (dans l’ordre de la chaîne) un anti-pop, un micro électrostatique à large capsule, un préampli et un enregistreur. Il est aussi indispensable de disposer d’un casque de type fermé pour le retour du speaker.

[modifier] Le filtre Anti-pop

Le filtre anti-pop est indispensable. C’est un voile très fin, tendu sur un canevas circulaire lui même solidaire d’un bras flexible se fixant sur le pied de micro. Placé entre le micro et la bouche du speaker, il va atténuer le flux d’air sur les consonances « plosives » (les « b », les « p » et les « t ») dont l’énergie acoustique est trop importante pour la sensibilité de la capsule du micro et a pour résultat des « popantes » (sur-accentuation de certaine consonnes) que l’on ne peut absolument pas corriger après l’enregistrement.

Il faut le placer à une bonne distance du micro (une dizaine de centimètres) afin qu’il fasse correctement son office. L’autre intérêt d’un filtre anti-pop est qu’il donne au speaker un repère de distance et d’angle par rapport au micro. Il n’est d’ailleurs pas rare que les speakers se collent tout contre la voilette pour garder leur position face au micro. Petite astuce : si l’on ne dispose pas d’anti-pop, il est assez courant d’en fabriquer un soi-même en tendant un bas nylon sur une armature métallique (fil de fer, cintre etc..)

[modifier] Le micro

Le type de micro employé pour la prise de voix est généralement un électrostatique cardioïde à large capsule. Les plus courants à titre d’exemple sont les célèbres Neumann U87 et AKG 414. Mais il va sans dire qu’il en existe une multitude de qualité et de prix très variés. On notera toutefois que les caractéristiques les plus importantes du micro vont être leur transparence (restitution rectiligne du spectre de fréquences) et la régularité directive (absence de détimbrage en fonction de l’angle et la distance de la source par rapport au micro). Souvent ces deux paramètres sont plutôt moins bons sur les micros bas de gamme.


Ce type de micro, extrêmement sensible à toutes vibrations, requiert une suspension élastique afin de le découpler physiquement et d’atténuer toutes les conductions mécaniques qui peuvent être restituées par le micro.

[modifier] Le préampli

Un micro est un transducteur acoustique. Il va transformer une vibration acoustique en signal électrique très faible (quelques mV). Afin d’être enregistré, il faut l’amplifier au niveau ligne (signal de l’ordre du Volt). Pour cela, on utilise un préampli, à transistor ou à lampes, qui peut être intégré à une console de mixage, ou même à l’enregistreur, ou un élément séparé en rack. Pour le type de micro utilisé (électrostatique), il est nécessaire que le préampli soit équipé d’une alimentation phantom (notée +48V ) qui va polariser la cellule du micro.

Il existe un grand nombre de variétés de préamplis. Certain vont être transparents, d’autres vont colorer le son : son choix est une affaire de culture, de goût, donc très subjectif. S’il est néanmoins une qualité recherchée sur les préampli, c’est bien l’absence de souffle ou bruit de fond, directement liée à la qualité de leurs composants électroniques.

[modifier] L’enregistreur

Il faut bien ma foi enregistrer la voix sur un support ! Cela peut être un magnétophone à bandes, analogique, numérique (DAT, ADAT) ou plus couramment aujourd'hui un Direct-to-Disk (dédié ou non), qui va convertir le signal électrique en informations numériques et les stocker sur un disque dur. Les entrées/sorties sont généralement prévues pour recevoir un signal de niveau ligne, d’où la nécessité d’un préampli en amont.

[modifier] Le casque de retour

Il est obligatoire pour plusieurs raisons. D’abord un speaker doit pouvoir s’entendre correctement pour maîtriser sa voix. Ensuite il est souvent pratique de pouvoir communiquer avec le speaker (généralement enfermé dans un autre local) via un micro d’ordre dont le signal sera envoyé dans le circuit de retour. De plus, il n’est pas rare, pour aider le speaker dans sa tache, d’envoyer dans son retour des éléments de raccord, la musique qui habillera l’enregistrement ou encore d’autres voix en cas de dialogue. Enfin le retour est essentiel pour pouvoir « dropper ». Le drop est une technique qui consiste à reprendre l’enregistrement à la volée en milieu de paragraphe ou même en milieu de phrase, évitant ainsi de devoir reprendre l’intégralité du texte en cas d’erreur. Pour ce faire, on envoie un pré-roll de quelque secondes en lecture puis on passe directement en enregistrement à l’endroit convenu avec le speaker. Il est indispensable de choisir un casque de type fermé pour éviter que le signal de retour ne soit capté par le micro, pouvant entraîner un phénomène de bouclage (ou larsen) si le speaker demande un fort niveau de retour.



[modifier] La mise en oeuvre

Vous voilà donc équipés, passons maintenant à l’action ! Mais avant d’enregistrer, tout un petit cérémonial est indispensable pour bien réussir sa prise de voix : d’abord le placement du micro, puis les réglages de niveaux, de retour et d’écoute.


[modifier] Le placement du micro

Soyons clairs, c’est le moment primordial de votre prise de son. Si le placement est bon, 80% du travail est fait. S’il est mauvais, vous aurez grand mal à rattraper le coup !


[modifier] La distance

Tout d’abord le micro doit toujours être placé assez près de la bouche de votre speaker. La proximité est essentielle pour avoir de la présence. Si il est trop loin, la voix manquera de présence, donnant un aspect « lointain » à la voix, et c'est une erreur de croire que l’on peut rattraper ce défaut en ajoutant du gain au signal. Vous en augmenterez le volume tout en gardant cet aspect lointain. Selon le local et la façon de porter du speaker, on placera donc le micro à une distance maximum de 20cm. (Cette distance est évidement augmentée, si la prise nécessite que le speaker crie, et considérablement rétrécie s’il doit chuchoter.)

Il n’y a pas vraiment de distance minimum, mais il faut de toute les façons laisser un peu d’air entre l’anti-pop et le micro (environ 10cm) pour qu’il fasse correctement son office. Après, libre au speaker de se coller à celui-ci ou à s’en éloigner un peu . C’est à vous, avec vos oreilles, de discipliner le speaker lors de la prise de voix s'il vient à trop s’éloigner du micro. Fort heureusement, les speakers professionnels savent surveiller eux-même la distance au micro.

[modifier] L’angle

Pas de secret, la perpendiculaire à la membrane doit être dirigée vers la bouche du speaker. Sans ça, vous allez perdre en présence, en timbre, en clarté et probablement enregistrer les défauts acoustiques de la cabine. Après, vous avez tout de même un peu de marge d’action (un micro est généralement gros et il faut quand même que votre speaker puisse lire son texte !). Installez donc votre speaker confortablement devant son pupitre et demandez-lui de lire son texte. Naturellement, il prendra sa position de lecture. Vous pouvez donc déplacer le micro sur le coté afin de lui laisser la visibilité sur son texte. Mais attention, il ne faut jamais dépasser un ange de 30° entre la bouche du speaker et la perpendiculaire de votre membrane. La position du micro peut aussi prendre en compte les caractéristiques du local : s'il y a une paroi réfléchissante (une vitre par exemple), évitez de mettre votre speaker en face et votre micro entre les deux. Vous vous exposeriez ainsi à des phénomènes de résonance.

Quoi qu’il arrive, c’est votre oreille qui jugera du bon placement du micro. Aprés un premier placement « intuitif », allez contrôler le rendu en régie. Si le son ne vous convient pas, allez modifier votre placement. Il n’y a pas de méthode miracle : avec l’habitude et après de nombreux essais, vous finirez par trouver le « sweet spot » de votre cabine.

En résumé, tant que vous respectez la distance, le placement de l’anti-pop et l’angle , vous êtes libre de placer le micro où bon vous semble, en fonction du son de voix que vous recherchez.

À noter que le décalage du micro sur le côté peut être une parade aux speakers dont les sifflantes sont trop prononcées.

[modifier] Les réglages

Votre micro est maintenant placé, il vous reste à régler votre son avant de lancer l’enregistrement. L’opération consiste surtout à faire les niveaux. Attention, certains préamplis disposent de compresseurs de dynamique et d’égaliseurs. Même s’il n’existe pas de vérité au niveau de la méthode, il est à mon sens déconseillé de traiter le son à l’enregistrement. En effet un traitement est irréversible si il est fait en amont de l’enregistrement. Vous aurez tout loisir de compresser et d’égaliser votre son à la post-production. Il en est de même pour les réglages du micro qui dispose souvent d’un filtre coupe bas et d’un atténuateur : évitez de les enclencher. Autant mettre toutes les chances de votre côté et ne pas prendre de risque, il sera trop tard lorsque votre speaker sera parti ! Si votre local est à peu près correct, il est rare que des "défauts" ne puissent être corrigés en changeant le placement du micro.

Vous avez peur de saturer l’entrée de votre enregistreur ? Réglez votre gain avec grande attention : sous-modulez légèrement la prise. Les enregistreurs numériques actuels proposent un rapport signal sur bruit proche de 100dB voire plus en 24 bits, il n’est pas nécessaire de charger au maximum votre piste. Demandez à votre speaker de lire le texte, exactement comme si il allait l’enregistrer et réglez votre préampli sur les passages du texte les plus vifs. Vérifiez si il est équipé d’un vumètre que l’aiguille de celui-ci ne tape pas trop dans le rouge (tout dépend de la qualité de votre préampli : certains préampli à lampes apportent une jolie coloration lorsqu’on les fait saturer légèrement). Mais ne tentez pas le diable ! Quoi qu’il en soit, vérifiez surtout le peak-mètre de votre enregistreur, gardez un peu de marge, faites en sorte que les crêtes ne flirtent pas avec le 0dB. Veillez par exemple à ce qu’elles soient comprises entre -6 et -3 dB full scale grand maximum !


Votre niveau est correct ? Réglez votre niveau d’écoute à votre guise, mais surtout n’y touchez plus pendant la prise, vous perdriez votre repère !


Il reste à régler le niveau de retour du speaker. Partez d’un niveau bas et montez progressivement son retour jusqu'à ce qu’il vous dise que celui-ci convient. Le niveau de retour est primordial car de lui dépend la façon dont il va porter sa voix. En effet, si son retour est trop fort, il va naturellement se retenir; à l’inverse, il portera plus si son niveau est trop faible.


Vous pouvez d’ailleurs vous servir de ce retour en cours de séance pour jouer sur la façon dont il porte la voix... Par exemple si vous sentez que l’intention baisse un peu, baissez légèrement le retour et naturellement, votre speaker portera un peu plus.

Il se peut qu’une fois son retour réglé, vous ayez à réajuster votre niveau. Quoi qu’il en soit, ayez toujours la main proche de votre potentiomètre de gain pour ajuster votre niveau durant la prise. En toute logique, si votre speaker connaît son métier, vous n’aurez plus rien à toucher. Mais il n’est pas rare que durant les essais, les speakers mettent moins d’intention dans leur jeu, donc moins de niveau. D’où l’a nécessité de garder une bonne marge.

[modifier] Conclusion

Vous voilà fin prêt ! Il ne vous reste plus qu’à lancer l’enregistrement. Soyez vigilant du début à la fin ! Au moindre doute, arrêtez l’enregistrement et vérifiez. Votre oreille doit rester le maître absolu, c’est elle qui décide si le placement et la présence sont corrects et si vous obtenez le son que vous désiriez...


N’oubliez pas que ce qui précède n’est que conseils et qu’il n’est pas de règle d’or dans ce métier ! tout est possible si le rendu est conforme à (voire meilleur que) ce que vous cherchiez. Alors n’hésitez pas à essayer, tester et à vous remettre en cause à chaque fois : l’expérience et les erreurs (inévitables) vous apprendront progressivement à vous adapter à toutes les situations.


Bonne prise de son !

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

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